Une maison passive en Aquitaine : la Villa Soléa
Publié le 5 avril 2008
L’objectif de la Villa Soléa, maison passive, est de diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre et la facture énergétique. Ce projet est développé en partenariat avec le groupe immobilier Pichet, l’Ademe, la région Aquitaine et EDF. Quand on sait que le secteur du bâtiment est celui qui consomme le plus d’énergie (25% des émissions de CO2 dans l’atmosphère), il est nécessaire de repenser la manière de construire, ce que nous propose la Villa Soléa. Il faut rappeler que nous sommes dans une logique de constructeur, avec des règles à respecter et la nécessité de s’adresser au plus grand nombre.
L’appréciation du projet ne peut se faire pour l’instant que sur du virtuel : images 3D et plan. Le projet, une maison de 98 m2, entrée, salon, cuisine, trois chambres, salle d’eau, cellier, WC, est organisé sur un plan rectangulaire. Côté esthétique le miracle n’a pas eu lieu, rien de très nouveau, sauf peut-être au niveau des ouvertures, plus rythmées et plus grandes que ce que l’on a l’habitude de voir sur ce genre de projet. Les mots qui me viennent pour qualifier le projet : efficacité, simplicité, mais sans plus. Le modèle présenté, avec l’option bardage prend un petit air de bassin… (d’Arcachon, pour les non régionaux), avec un enduit basique, il y aura le charme du bois en moins.
Il est intéressant de détailler ce que nous propose cette maison par rapport à une maison traditionnelle.
Choix architecturaux : orientation au sud, isolation par l’extérieur, optimisation des espaces, optimisation des vitrages équipés de stores
Economie d’énergie : mur à inertie intérieur adossé au poêle à bois, récupération des eaux pluviales, robinets à double débit, système de contrôle et de suivi énergétique.
Energies renouvelables : 4 m2 de panneaux solaire sur le toit pour la production d’eau chaude sanitaire, 21 m2 de panneaux photovoltaïques pour la production d’électricité.
Chauffage : pompe à chaleur (air/air) associée à une ventilation mécanique, poêle à bois pour chauffage d’appoint
Les matériaux : Construction en brique optibric, isolation plafond : ouate de cellulose, menuiseries en pin maritime, isolation par l’extérieur (mais on ne connaît pas la nature de l’isolant), 30% de bardage bois pour le modèle intermédiaire.
Rien de révolutionnaire dans ces données, si ce n’est que chaque choix est optimisé pour obtenir les meilleures performances énergétiques à un coût raisonnable. Ce qui joue pour beaucoup dans le gain de performance, outre les apports techniques (panneaux solaires, PAC…) est la mise en oeuvre. Rien de ce côté n’est dévoilé. Aura t-on d’ailleurs les mêmes performances lorsque ces maisons seront construites en série?
Les performances en chiffre : 6 variantes de la villa Soléa ont été étudiées. Tous les modèles répondent au standard Effinergie BBC (Bâtiment à Basse Consommation), consommant moins de 50 Kwh / m2 / an (kWh d’énergie primaire) contre 190 kWh / m2 / an pour une construction répondant à la norme RT 2005. Quelles sont les différences entre les modèles Economie, Environnement, Intermédiaire, (équipés ou non de panneaux photovoltaïques)? Je n’ai pas trouvé d’explication, seule constatation, leurs niveaux de performances sont à peu près identiques.
Cep KwhEP / m2 / an | Ubât W / (°C.m2) | TIC (°C) | |
Variante 0 RT 2005 | 120 | 0,41 | 28,89 |
Variante 1 BBC « Economie » | 40,15 | 0,33 | 26,95 |
Variante 2 BBC « Economie » + photovoltaïque | -22,89 | 0,33 | 26,95 |
Variante 3 BBC « Environnement » | 41,17 | 0,34 | 26,94 |
Variante 4 BBC « Environnement » + photovoltaïque | -21,87 | 0,34 | 26,94 |
Variante 5 BBC « Intermédiaire » 30% bardage | 41,17 | 0,34 | 26,94 |
Variante 6 BBC « Intermédiaire » photovoltaïque | -21,87 | 0,34 | 26,94 |
Ce tableau nous permet d’avoir quelques notions de chiffres. Le gain de performance par rapport à une maison RT 2005 est énorme et l’apport de panneaux photovoltaïques permet de passer dans le clan des maisons à énergie positive. Reste à résoudre pour ce projet encore virtuel son adaptation à l’environnement, l’orientation de ces maisons étant primordiale.
Le prix d’une Villa Soléa varie entre 1423€ et 1611€ le m2 habitable contre 1000€ pour une maison standard. Il faut tout de même mettre en avant la réduction de la facture énergétique de ces maisons et donc un amortissement possible sur un temps assez court.
Reste à ces maisons à faire leurs preuves. Le but étant à terme de faire des études sur les modèles construits : campagnes de mesures, étude du comportement des occupants et de leur consommation d’énergie. Ce sera un bon moyen de faire évoluer ce modèle de base. Même si toutes les données ne sont pas connues pour bien comprendre les résultats énergétiques de ce projet, la démarche reste néanmoins intéressante par le croisement des compétences de chaque intervenant.
(Toutes les données ci-dessus ont été recueillies lors de la présentation du projet par le Groupe Pichet à Pessac)
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